Ibn Al Rabin est souvent rangé dans la case des dessinateurs « minimalistes », mais c’est pourtant un amoureux des projets « maximalistes », comme en témoigne sa bibliographie : un livre de 1100 pages au format dictionnaire ? Fait. Une adaptation du meilleur de la Bible aux stylos feutres ? Aussi. Quatre cents strips dessinés pendant pas loin de dix ans ? Eh bien voilà justement ce que recueille De la ductilité du sbrinz, à savoir l’intégralité des bandes réalisées hebdomadairement pour le journal indépendant le Courrier. On y croise Bob & Mitch, artistes contemporains bien foireux, Clotilde, danseuse maladroite mais appliquée, Raymond, chroniqueur culturel alcoolique, Amande & Béa, galeristes discutables, Mildred, reine du stand-up abscons, et encore une foultitude de personnages apparaissant dans des récits qui s’enchevêtrent et nous emmènent dans des micro-sagas où règnent le loufoque et l’absurde. C’est bien évidemment très drôle, souvent surprenant et toujours inventif. Et puis il y a le sbrinz.