Ici, ça n’a pas commencé par le verbe. Ici, comme souvent, ça a commencé par une rencontre. Celle d’Aurélie William Levaux et Isabelle Pralong, lors de la première édition de Pierre Feuille Ciseaux, au Saline royale d’Arc et Senans, en 2009.
L’une privilégie le dessin sur tissu et la broderie, l’autre affectionne la peinture sur bois.
Les styles ne sont pas les mêmes, la narration n’est pas abordée avec le même angle, mais il y a pourtant quelque chose de parallèle dans leur démarche. Une recherche sur la matière, sur le support, qui devient du coup plus que cela, pour à l’arrivée faire partie intégrante de l’oeuvre.
L’idée d’une collaboration, d’un travail «ensemble», s’impose presque comme une évidence. L’intérêt sera bien sûr de confronter deux visions, deux techniques, deux sensibilités, mais également d’aller un pas plus loin, d’échanger, de partager, de mélanger, de brouiller les pistes, jusqu’au moment où l’on n’est plus très sûr de savoir qui a fait quoi.
Et le verbe? C’est celui de Peter Handke, plus précisément celui d’une de ses premières pièces, Prédiction. Cette oeuvre, qui fait partie de ses pièces «parlées», est composée d’une suite d’augures, de prédictions, récitées par quatre acteurs. Parfois chacun leur tour. Parfois ensemble, selon des combinaisons variables. Ces prédictions, au pouvoir évocateur riche et fascinant, Aurélie William Levaux et Isabelle Pralong vont en choisir certaines et se les réapproprier, les illustrant parfois presque au pied de la lettre, mais la plupart du temps allant chercher plus loin, dans l’évocation, dans la résonance, voire même bien au-delà, donnant ainsi une autre vie au texte de Peter Handke. En y enlevant la voix, mais en le confrontant à l’image, aux images, en provoquant cette rencontre, on se retrouve alors face à quelque chose d’autre. Quelque chose de fragile, de différent – et de précieux.
(Extrait de la préface du livre)
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